Oyez oyez ! Braves gens prenez le temps d’écouter l’histoire de l’homme qui a connu en quelques minutes une blague et qui a vu de ses yeux vus un miracle.

Venez ! Approchez ! N’ayez pas peur et …. Ecoutez.

En ces temps de malheurs où le monde nous échappe, où tout et tous semblent devenir fol, il était un homme qui travaillait d’un coté de la capital et tenait son habitat de l’autre coté de cette grande ville.

Après une journée de dure labeur, cet homme, que rien ne distingue des autres voulait rentrer chez lui. De ses longues jambes musclées il parcourait les allées lugubres du train souterrain avec l’espoir encore ancré en lui que pour une fois il ne connaitrait point de mésaventures.

Ayant atteint le dernier escalier qui devait le mener sur le quai son regard se figea, le sourire qu’il tente d’aborder en toute circonstance se perdit dans les coins amers de sa bouche. Une mer d’individus attendait patiemment que le transport, qui n’a rien de moyenâgeux mais va parfois aussi vite qu’une carriole tirée par un couple de bœufs fatigués, faisait de leur tête une vague qu’aucune houle ne venait troubler.

L’homme se fraya un chemin, sac sur le dos, essayant de n’écraser aucun pied, de ne bousculer personne. Il réussit après de nombreuses contorsions et après avoir mis son intégrité en péril à s’approcher. Il ne lui restait plus qu’à patienter que ce train arrive. Tout autour de lui les visages étaient crispés, tendus par l’attente et par la foule. Un premier train arriva. La foule commença son mouvement et tel la mer Morte s’écartant devant Moïse pour laisser passer les quelques passagers qui descendaient. Si ces passagers étaient presque aussi nombreux que le peuple hébreu, le passage qui s’ouvrait devant eux était nettement moins large que celui ouvert par le guide des temps anciens.

A peine le dernier passager descendu, la mer s’écoula dans le wagon en un long fleuve tumultueux et pas tranquille du tout. Et lui ? Lui il se laissait porter, les pieds touchant à peine le sol. Puis le wagon menaçant de recracher au milieu des flots resté à quai le surplus de personne le mouvement s’arrêta et l’homme resta à quai.

C’est alors que survint cette voix venu de nul part, cette voix que tout les voyageurs du métro parisien ont appris à redouter, cette voix qui se voudrait douce et qui annonce inexorablement les trains en retard et les incidents de quelques natures qu’ils soient.

« Mesdames et messieurs, suite à un sac coincé dans un wagon, le trafic est fortement perturbé sur la ligne 5, nous vous prions …. ». Déjà l’oreille de l’homme avait fait parvenir plusieurs informations importantes à son cerveau. Retard, perturbé et . . . sac coincé ?

Ainsi la RATP dans son infini bonté avait décidé de faire sourire les passagers afin de diminuer leur anxiété à l’idée d’arriver trop tard à la garderie, à la crèche. Comment diable un sac coincé peut-il ralentir le métro. Mais l’homme se dit qu’il devait avoir mal entendu. Alors lorsque retentit à nouveau la douce voix de l’hôtesse l’homme lui préta toute son attention. Non c’est bien un sac coincé quelque part qui engendre cette marée humaine suffocante et agressive.

L’homme parla de sa voix douce et discrète, une blague qui fit sourire les quelques personnes qui l’entouraient. Il sentit l’air chaud vibrer puis finalement glisser sur sa peau moite de trop de chaleur humaine et un train, vide, passa devant lui. Tout les yeux étaient braqués sur ce navire qui entrait sur le quai. Certains le trouvèrent même beau, tout luisant d’acier, aux couleurs presque acidulés, décorés assez délicatement à la bombe en des tags qui ne parvenaient pas à enlaidir le fier vaisseau. Il avançait, avançait encore, ne donnant pas l’impression de vouloir s’arrêter. Alors l’homme parla à nouveau et décréta que décidément la RATP avait un sens particulier de l’ironie. Et là, le miracle se produisit … Le vaisseau, dans un crissement strident ralentit et s’immobilisa et dans un chuintement libérateur ouvrit ses portes.

La marée humaine s’engouffra en un long flot en son ventre, heureux pour une fois d’être mangé pour, un peu plus loin sur le chemin les rapprochant de chez eux, être recraché.

Ainsi se termine cette histoire, cela pourrait être une légende : l’arrivée d’un vaisseau presque fantôme sur les quais du métro, mais je vous le dis braves gens, les miracles arrivent.

Blague et miracle

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