bruit et silence
Je suis dans le train assis et cet irrépressible désir d’écrire me prend. Tranquillement, pour ne pas arrêter le flot de mots et d’idées qui tourbillonnent sous mon crâne j’ouvre mon sac et en sors mon cahier. Celui-là même qui reçoit semaine après semaine mes lubies, mes doutes, mes peurs …
Il est toujours ouvert à la bonne page, une page blanche, prête à recevoir mes idées aussi noires soient-elles. Et puis … Catastrophe. Les idées se bousculent, menacent de déborder. Je les sens là dans les starting blocks, impatientent de sortir, de s’étaler sous la pointe de mon stylo. Et justement, il est où ce stylo !!!
Fébrilement je fouille mon sac, poche après poche, compartiment après compartiment. Rien ! Que du vide. Des emballages, des sucrettes, des factures pliées et repliées à force d’être écrasées. De tout mais surtout un immense rien. Pas de stylo ! Même pas un malheureux crayon !
Faux départs ! Les mots sont partis et ils ne reviennent pas. Ils se précipitent en ordre dispersé, se jettent dans toutes les direction, s’écrase contre mes lèvres fermés. Les plus téméraires prennent le chemin du bras. Je les sens dans mes doigts qui fourmillent.
Ai-je le temps avant que l’hécatombe ne soit complète d’aller acheter ce petit tube de plastique à la pointe magique ? Un coup d’œil sur la pendule me confirme ce que je pressentais : NON !
Je sens le flot se tarir. Déjà le tumulte fait place à un murmure.
Bientôt ce sera le silence ….